Prefacio a los Principia Philosophiae

Textos  de Filosofía Moderna

Lettre de l’auteur a celui qui a traduit le livre. Laquelle peut ici servir de Préface

Monsieur,

La version que vous avez pris la peine de faire de mes Principes est si nette et si accomplie, qu’elle me fait espérer qu’ils seront lus par plus de personnes en français qu’en latin, et qu’ils seront mieux entendus. J’appréhende seulement que le titre n’en rebute plusieurs qui n’ont point été nourris auxlettres, ou bien qui ont mauvaise opinion de la philosophie : à cause que celle qu’on leur a enseignée ne les a pas contentés ; et cela me fait croire qu’il serait bon d’y ajouter une préface qui leur déclarât quel est le sujet du livre, quel dessein j’ai eu en l’écrivant, et quelle utilité on en peut tirer. Mais encore que ce serait à moi de faire cette préface, à cause que je dois savoir ces choses-là mieux qu’aucun autre, je ne puis rien obtenir de moi-même sinon que je mettrai ici en [2] abrégé les principaux points qui me semblent y devoir être traités ; et je laisse à votre discrétion d’en faire telle part au public que vous jugerez être à propos.

J’aurais voulu premièrement y expliquer ce que c’est que la philosophie, en commençant par les choses les plus vulgaires, comme sont : que ce mot philosophie signifie l’étude de la sagesse, et que par la sagesse on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l’invention de tous les arts ; et qu’afin que cette connaissance soit telle, il est nécessaire qu’elle soit déduite des premières causes, en sorte que pour étudier à l’acquérir, ce qui se nomme proprement philosopher, il faut commencer par la recherche de ces premières causes, c’est-à-dire des principes ; et que ces principes doivent avoir deux conditions : l’une, qu’ils soient si clairs et si évidents que l’esprit humain ne puisse douter de leur vérité, lorsqu’il s’applique avec attention à les considérer ; l’autre, que ce soit d’eux que dépende la connaissance des autres choses, en sorte qu’ils puissent être connus sans elles, mais non pas réciproquement elles sans eux ; et qu’après cela il faut tâcher de déduire tellement de ces principes la connaissance des choses qui en dépendent, qu’il n’y ait rien en toute la suite des déductions qu’on en fait qui ne soit très manifeste. Il n’y a véritablement que Dieu seul qui soit parfaitement sage, c’est-à-dire qui ait l’entière connaissance [3] de la vérité de toutes choses ; […]

J’aurais ensuite fait considérer l’utilité de cette philosophie, et montré que, puisqu’elle s’étend à tout ce que l’esprit humain peut savoir, on doit croire que c’est elle seule qui nous distingue des plus sauvages et barbares, et que chaque nation est d’autant plus civilisée et polie que les hommes y philosophent mieux ; et ainsi que c’est le plus grand bien qui puisse être en un État que d’avoir de vrais philosophes. Et outre cela que, pour chaque homme en particulier, il n’est pas seulement utile de vivre avec ceux qui s’appliquent à cette étude, mais qu’il est incomparablement meilleur de s’y appliquer soi-même ; comme sans doute il vaut beaucoup mieux se servir de ses propres yeux pour se conduire, et jouir par même moyen de la beauté des couleurs et de la lumière, que non pas de les avoir fermés et suivre la conduite d’un autre ; mais ce dernier est encore meilleur que de les tenir fermés et n’avoir que soi pour se conduire. C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher ; et le plaisir de voir toutes les choses que notre vue découvre n’est point comparable à la satisfaction que donne la connaissance de celles qu’on trouve par la philosophie ; et, enfin, cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que n’est l’usage de nos yeux [4] pour guider nos pas. Les bêtes brutes, qui n’ont que leur corps à conserver, s’occupent continuellement à chercher de quoi le nourrir ; mais les hommes, dont la principale partie est l’esprit, devraient employer leurs principaux soins à la recherche de la sagesse, qui en est la vraie nourriture ; et je m’assure aussi qu’il y en a plusieurs qui n’y manqueraient pas, s’ils avaient espérance d’y réussir, et qu’ils sussent combien ils en sont capables. Il n’y a point d’âme tant soit peu noble qui demeure si fort attachée aux objets des sens qu’elle ne s’en détourne quelquefois pour souhaiter quelque autre plus grand bien, nonobstant qu’elle ignore souvent en quoi il consiste. Ceux que la fortune favorise le plus, qui ont abondance de santé, d’honneurs, de richesses, ne sont pas plus exempts de ce désir que les autres ; au contraire, je me persuade que ce sont eux qui soupirent avec le plus d’ardeur après un autre bien, plus souverain que tous ceux qu’ils possèdent. Or, ce souverain bien considéré par la raison naturelle sans la lumière de la foi, n’est autre chose que la connaissance de la vérité par ses premières causes, c’est-à-dire la sagesse, dont la philosophie est l’étude. Et, parce que toutes ces choses sont entièrement vraies, elles ne seraient pas difficiles à persuader si elles étaient bien déduites.

Mais parce qu’on est empêché de les croire, par l’expérience qui montre que ceux qui font profession d’être philosophes sont souvent moins sages et moins raisonnables que d’autres qui en se sont jamais appliqués à cette étude, j’aurais ici sommairement expliqué [5] en quoi consiste toute la science qu’on a maintenant, et quels sont les degrés de sagesse auxquels on est par venu. Le premier ne contient que des notions qui sont si claires d’elles-mêmes qu’on les peut acquérir sans méditation ; le second comprend tout ce que l’expérience des sens fait connaître ; le troisième, ce que la conversation des autres hommes nous enseigne ; à quoi l’on peut ajouter, pour le quatrième, la lecture, non de tous les livres, mais particulièrement de ceux qui ont été écrits par des personnes capables de nous donner de bonnes instructions, car c’est une espèce de conversation que nous avons avec leurs auteurs. Et il me semble que toute la sagesse qu’on a coutume d’avoir n’est acquise que par ces quatre moyens ; car je ne mets point ici en rang la révélation divine, parce qu’elle en nous conduit pas par degrés, mais nous élève tout d’un coup à une croyance infaillible. Or, il y a eu de tout temps de grands hommes qui ont tâché de trouver un cinquième degré pour parvenir à la sagesse, incomparablement plus haut et plus assuré que les quatre autres ; c’est de chercher les premières causes et les vrais principes dont on puisse déduire les raisons de tout ce qu’on est capable de savoir ; et ce sont particulièrement ceux qui ont travaillé à cela qu’on a nommés philosophes. Toutefois je ne sache point qu’il y en ait eu jusqu’à présent à qui ce dessein ait réussi. Les premiers et les principaux dont nous ayons les écrits sont Platon et Aristote, entre lesquels il n y a eu autre différence sinon que le premier, suivant les traces de son maître Socrate, a ingénument confessé qu’il [6] n’avait encore rien pu trouver de certain, et s’est contenté d’écrire les choses qui lui ont semblé être vraisemblables, imaginant à cet effet quelques principes par lesquels il tâchait de rendre raison des autres choses : au lieu qu’Aristote a eu moins de franchise ; et bien qu’il eût été vingt ans son disciple, et n’eût point d’autres principes que les siens, il a entièrement changé la façon de les débiter, et les a proposés comme vrais et assurés, quoiqu’il n’y ait aucune apparence qu’il les ait jamais estimés tels. Or, ces deux hommes avaient beaucoup d’esprit et beaucoup de la sagesse qui s’acquiert par les quatre moyens précédents, ce qui leur donnait beaucoup d’autorité ; en sorte que ceux qui vinrent après eux s’arrêtèrent plus à suivre leurs opinions qu’à chercher quelque chose de meilleur ; et la principale dispute que leurs disciples eurent entre eux, fut pour savoir si on devait mettre toutes choses en doute, ou bien s’il y en avait quelques-unes qui fussent certaines ; ce qui les porta de part et d’autre à des erreurs extravagantes ; car quelques-uns de ceux qui étaient pour le doute l’étendaient même jusques aux actions de la vie, en sorte qu’ils négligeaient d’user de prudence pour se conduire ; et ceux qui maintenaient la certitude, supposant qu’elle devait dépendre des sens, […] [7] […]. C’est un défaut qu’on peut remarquer en la plupart des disputes, que la vérité étant moyenne entre les deux opinions qu’on [7] soutient, chacun s’en éloigne d’autant plus qu’il a plus d’affection à contredire. Mais l’erreur de ceux qui penchaient trop du côté du doute ne fut pas longtemps suivie, et celle des autres a été quelque peu corrigée, en ce qu’on a reconnu que les sens nous trompent en beaucoup de choses. Toutefois je ne sache point qu’on l’ait entièrement ôtée en faisant voir que la certitude n’est pas dans le sens, mais dans l’entendement seul lorsqu’il a des perceptions évidentes ; et que pendant qu’on n’a que les connaissances qui s’acquièrent par les quatre premiers degrés de sagesse, on ne doit pas douter des choses qui semblent vraies en ce qui regarde la conduite de la vie ; mais qu’on ne doit pas aussi les estimer si certaines qu’on ne puisse changer d’avis lorsqu’on y est obligé par l’évidence de quelque raison. Faute d’avoir connu cette vérité, ou bien, s’il y en a qui l’ont connue, faute de s’en être servis, la plupart de ceux de ces derniers siècles qui ont voulu être philosophes ont suivi aveuglément Aristote ; en sorte qu’il ont souvent corrompu le sens de ses écrits, en lui attribuant diverses opinions qu’il ne reconnaîtrait pas être siennes s’il revenait en ce monde ; et ceux qui ne l’ont pas suivi, du nombre desquels ont été plusieurs des meilleurs esprits, n’ont pas laissé d’avoir été imbus de ses opinions en leur jeunesse, parce que ce sont les seules qu’on enseigne dans les écoles, ce qui les a tellement préoccupés qu’ils n’ont pu parvenir à la connaissance des vrais principes. Et bien que je les estime tous, et que je ne veuille pas me rendreodieux en les reprenant, je puis donner une preuve de mon dire [8] (que je ne crois pas qu’aucun d’eux désavoue), qui est qu’ils ont tous supposé pour principe quelque chose qu’ils n’ont point parfaitement connue. […]. Or, toutes les conclusions que l’on déduit d’un principe qui n’est point évident, ne peuvent aussi être évidentes, encore qu’elles en seraient déduites évidemment ; d’où il suit que tous les raisonnements qu’ils ont appuyés sur de tels principes n’ont pu leur donner la connaissance certaine d’aucune chose, ni par conséquent les faire avancer d’un pas en la recherche de la sagesse. Et s’ils ont trouvé quelque chose de vrai, ce n’a été que par quelques-uns des quatre moyens ci-dessus déduits. Toutefois, je ne veux rien diminuer de l’honneur que chacun d’eux peut prétendre ; je suis seulement obligé de dire, pour la consolation de ceux qui n’ont point étudié, que tout de même qu’en voyageant, pendant qu’on tourne le dos au lieu où l’on veut aller, on s’en éloigne d’autant [9] plus qu’on marche plus longtemps et plus vite, en sorte que, bien qu’on soit mis par après dans le droit chemin, on ne peut pas y arriver sitôt que si on n’avait point marché auparavant ; ainsi, lorsqu’on a de mauvais principes, d’autant qu’on les cultive davantage et qu’on s’applique avec plus de soin à en tirer diverses conséquences, pensant que ce soit bien philosopher, d’autant s’éloigne-t-on davantage de la connaissance de la vérité et de la sagesse : d’où il faut conclure que ceux qui ont le moins appris de tout ce qui a été nommé jusques ici philosophie sont les plus capables d’apprendre la vraie.

Après avoir bien fait entendre ces choses, j’aurais voulu mettre ici les raisons qui servent à prouver que les vrais principes par lesquels on peut parvenir à ce plus haut degré de sagesse, auquel consiste le souverain bien de la vie humaine, sont ceux que j’ai mis en ce livre ; et deux seules sont suffisantes à cela, dont la première est qu’ils sont très clairs ; et la seconde, qu’on en peut déduire toutes les autres choses ; car il n’y a que ces deux conditions qui soient requises en eux. Or, je prouve aisément qu’ils sont très clairs : premièrement, par la façon dont je les ai trouvés, à savoir, en rejetant toutes les choses auxquelles je pouvais rencontrer la moindre occasion de douter ; car il est certain que celles qui n’ont pu en cette façon être rejetées, lorsqu’on s’est appliqué à les considérer, sont les plus évidentes et les plus claires que l’esprit humain puisse connaître. Ainsi, en considérant que celui qui veut douter de tout ne peut toutefois douter qu’il ne soit pendant qu’il doute, et que ce [10] qui raisonne ainsi, en ne pouvant douter de soi-même et doutant néanmoins de tout le reste, n’est pas ce que nous disons être notre corps, mais ce que nous appelons notre âme ou notre pensée, j’ai pris l’être ou l’existence de cette pensée pour le premier principe, duquel j’ai déduit très clairement les suivants, à savoir qu’il y a un Dieu qui est auteur de tout ce qui est au monde, et qui, étant la source de toute vérité, n’a point créé notre entendement de telle nature qu’il se puisse tromper au jugement qu’il fait des choses dont il a une perception fort claire et fort distincte. Ce sont là tous les principes dont je me sers touchant les choses immatérielles ou métaphysiques, desquels je déduis très clairement ceux des choses corporelles ou physiques, à savoir, qu’il y a des corps étendus en longueur, largeur et profondeur, qui ont diverses figures et se meuvent en diverses façons. Voilà, en somme tous les principes dont je déduis la vérité des autres choses. L’autre raison qui prouve la clarté de ces principes est qu’ils ont été connus de tout temps, et même reçus pour vrais et indubitables par tous les hommes, excepté seulement l’existence de Dieu, qui a été mise en doute par quelques-uns à cause qu’ils ont trop attribué aux perceptions des sens, et que Dieu en peut être vu ni touché. Mais encore que toutes les vérités que je mets entre mes principes aient été connues de tout temps de tout le monde, il n’y a toutefois eu personne jusqu’à présent, que je sache, qui les ait reconnues pour les principes de la philosophie, c’est-à-dire pour telles qu’on en peut [11] déduire la connaissance de toutes les autres choses qui sont au monde : c’est pourquoi il me reste ici à prouverqu’elles sont telles ; et il me semble ne le pouvoir mieux qu’en le faisant voir par expérience, c’est-à-dire en conviant les lecteurs à lire ce livre. Car encore que je n’y aie pas traité de toutes choses, et que cela soit impossible, je pense avoir tellement expliqué toutes celles dont j’ai eu occasion de traiter, que ceux qui les liront avec attention auront sujet de se persuader qu’il n’est pas besoin de chercher d’autres principes que ceux que j’ai donnés pour parvenir à toutes les plus hautes connaissances dont l’esprit humain soit capable ; principalement si, après avoir lu mes écrits, ils prennent la peine de considérer combien de diverses questions y sont expliquées, et que, parcourant aussi ceux des autres, ils voient combien peu de raisons vraisemblables on a pu donner pour expliquer les mêmes questions par des principes différents des miens. Et, afin qu’ils entreprennent cela plus aisément, j’aurais pu leur dire que ceux qui sont imbus de mes opinions ont beaucoup moins de peine à entendre les écrits des autres et à en connaître la juste valeur que ceux qui n’en sont point imbus ; tout au contraire de ce que j’ai tantôt dit de ceux qui ont commencé par l’ancienne philosophie, que d’autant qu’ils y ont plus étudié, d’autant ils ont coutume d’être moins propres à bien apprendre la vraie.

J’aurais aussi ajouté un mot d’avis touchant la façon de lire ce livre, qui est que je voudrais qu’on le parcourût d’abord tout entier ainsi qu’un roman, sans [12] forcer beaucoup son attention ni s’arrêter aux difficultés qu’on y peut rencontrer, afin seulement de savoir en gros quelles sont les matières dont j’ai traité ; et qu’après cela, si on trouve qu’elles méritent d’être examinées et qu’on ait la curiosité d’en connaître les causes, on le peut lire une seconde fois pour remarquer la suite de mes raisons ; […]

J’ai pris garde, en examinant le naturel de plusieurs esprits, qu’il n’y en a presque point de si grossiers ni de si tardifs qu’ils ne fussent capables d’entrer dans les bons sentiments et même d’acquérir toutes les plus hautes sciences, s’ils étaient conduits comme il faut. Et cela peut aussi être prouvé par raison : car, puisque les principes sont clairs et qu’on n’en doit rien déduire que par des raisonnements très évidents, on a toujours assez d’esprit pour entendre les choses qui en dépendent. Mais, outre l’empêchement des préjugés, dont aucun n’est entièrement exempt, bien que ce sont ceux qui ont le plus étudié les mauvaises sciences auxquels ils nuisent le plus, il arrive presque toujours que ceux qui ont l’esprit [13] modéré négligent d’étudier, parce qu’ils n’en pensent pas être capables, et que les autres qui sont plus ardents se hâtent trop, d’où vient qu’ils reçoivent souvent des principes qui ne sont pas évidents, et qu’ils en tirent des conséquences incertaines. C’est pourquoi je voudrais assurer ceux qui se défient trop de leurs forces qu’il n’y a aucune chose en mes écrits qu’ils ne puissent entièrement entendre s’ils prennent la peine de les examiner ; et néanmoins aussi avertir les autres que même les plus excellents esprits auront besoin de beaucoup de temps et d’attention pour remarquer toutes les choses que j’ai eu dessein d’y comprendre.

En suite de quoi, pour faire bien concevoir quel but j’ai eu en les publiant, je voudrais ici expliquer l’ordre qu’il me semble qu’on doit tenir pour s’instruire. Premièrement, un homme qui n’a encore que la connaissance vulgaire et imparfaite que l’on peut acquérir par les quatre moyens ci-dessus expliqués doit, avant tout, tâcher de se former une morale qui puisse suffire pour régler les actions de sa vie, à cause que cela ne souffre point de délai, et que nous devons surtout tâcher de bien vivre. Après cela, il doit aussi étudier la logique, non pas celle de l’École, car elle n’est, à proprement parler, qu’une dialectique qui enseigne les moyens de faire entendre à autrui les choses qu’on sait, ou même aussi de dire sans jugement plusieurs paroles touchant celles qu’on ne sait pas, et ainsi elle corrompt le bon sens plutôt qu’elle ne l’augmente ; mais celle qui apprend à bien conduire [14] sa raison pour découvrir les vérités qu’on ignore ; et, parce qu’elle dépend beaucoup de l’usage, il est bon qu’il s’exerce longtemps à en pratiquer les règles touchant des questions faciles et simples, comme sont celles des mathématiques. Puis, lorsqu’il s’est acquis quelque habitude à trouver lavérité en ces questions, il doit commencer tout de bon à s’appliquer à la vraie philosophie, dont la première partie est la métaphysique, qui contient les principes de la connaissance, entre lesquels est l’explication des principaux attributs de Dieu, de l’immatérialité de nos âmes, et de toutes les notions claires et simples qui sont en nous. La seconde est la physique, en laquelle, après avoir trouvé les vrais principes des choses matérielles, on examine en général comment tout l’univers est composé ; puis en particulier quelle est la nature de cette terre et de tous les corps qui se trouvent le plus communément autour d’elle, comme de l’air, de l’eau, du feu, de l’aimant et des autres minéraux. En suite de quoi il est besoin aussi d’examiner en particulier la nature des plantes, celle des animaux, et surtout celle de l’homme, afin qu’on soit capable par après de trouver les autres sciences qui lui sont utiles. Ainsi toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences, qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale ; j’entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le dernier degré de la sagesse. [15] Or, comme ce n’est pas des racines ni du tronc des arbres qu’on cueille les fruits, mais seulement des extrémités de leurs branches, ainsi la principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu’on ne peut apprendre que les dernières. Mais, bien que je les ignore presque toutes, le zèle que j’ai toujours eu pour tâcher de rendre service au public est cause que je fis imprimer, il y a dix ou douze ans, quelques essais des choses qu’il me semblait avoir apprises.

Carta del Autor al Traductor Puede ser estimada como Prefacio

Vuestra traducción de mis Principios es tan clara y perfecta, que espero que sean leídos por más personas en francés que en latín y que sean mejor comprendidos. Sólo temo que el título desaliente a quienes no han seguido estudios o bien a quienes ya se han formado una mala opinión de la Filosofía, pues la que les ha sido enseñada no les ha satisfecho. Por todo ello creo que sería conveniente incorporar un Prefacio que les diera a conocer cuál es el tema del tratado, qué propósito ha guiado su redacción y qué utilidad puede reportar su lectura. Aun cuando parece que debería asumir la composición este Prefacio puesto que debo conocer el contenido del tratado mejor que nadie, sin embargo no me cabe otra tarea que la de exponer sucintamente XX1X los principales puntos que, en mi criterio, deberían ser trazados en él mismo; dejo a vuestra discreción el dar a conocer lo que juzguéis adecuado.

Hubiera explicado, en primer lugar, lo que es la Filosofía, iniciando la exposición por los temas más difundidos; éste es el caso de lo que significa la palabra Filosofía: el estudio de la Sabiduría; que por Sabiduría no sólo hemos de entender la prudencia en el obrar, [8] sino un perfecto conocimiento de cuanto el hombre puede conocer, bien en relación con la conducta que debe adoptar en la vida, bien en relación con la conservación de la salud o con la invención de todas las artes; que para que este conocimiento sea tal, es necesario que sea deducido XX2X de las primeras causas, de suerte que, para intentar adquirirlo, a lo cual se denomina filosofar, es preciso comentar por la investigación de las primeras causas, es decir, de los Principios XX3X; que estos Principios XX4X deben satisfacer dos condiciones: de acuerdo con la primera han de ser claros y tan evidentes que el espíritu humano no pueda dudar de su verdad cuando atentamente se dedica a examinarlos; de acuerdo con la segunda, el conocimiento de todas las otras cosas ha de depender de estos principios, de modo que pudieran ser conocidos sin que las otras cosas nos fueran conocidas, pero no a la inversa, esto es, éstas sin aquéllos; además, es preciso intentar deducir de tal forma de estos principios el conocimiento de todas las cosas que dependen de ellos, que nada haya en toda la serie de deducciones efectuadas que no sea muy manifiesto. Sólo Dios es perfectamente sabio, es decir, sólo Dios posee un conocimiento completo de la verdad de todas las cosas XX5X; […]

Además, hubiera inducido a la consideración de la utilidad de esta Filosofía y mostrado que, puesto que se extiende a cuanto el espíritu humano puede saber, se debe creer que sólo ella nos distingue de los más salvajes y bárbaros y que las naciones son tanto más civilizadas XX6X y educadas, cuanto mejor filosofen sus hombres; así pues, disponer de verdaderos Filósofos es el mayor bien que puede acaecer a un Estado. Es más, no sólo es útil para todo hombre vivir en compañía de quienes se dedican a este estudio, sino que es incomparablemente mejor que cada hombre se entregue al mismo, tal y como, sin duda alguna, es mucho más deseable servirse de los propios ojos para orientarse y para disfrutar de la belleza de los colores y de la luz que seguir las instrucciones de otro y mantenerlos cerrados. No obstante, esto último es preferible a mantener cerrados los ojos y sólo contar con uno mismo para orientarse. Vivir sin filosofar equivale a tener los ojos cerrados sin alentar el deseo de abrirlos; no obstante, el placer de observar todas las cosas que nuestra vista des- [9] /cubre, no es comparable en modo alguno a la satisfacción que genera el conocimiento de lo que la Filosofía descubre; más aún, este estudio es más necesario para reglar nuestras costumbres y nuestra conducta en la vida de lo que lo es el uso de los sentidos para guiar nuestros pasos. Los animales que sólo deben conservar su cuerpo, se ocupan de modo constante en buscar con qué alimentarlo; los hombres, sin embargo, cuya parte principal es el espíritu, deberían afanarse principalmente en la búsqueda de la Sabiduría pues es si verdadero alimento. Seguro estoy de que muchos serían los que se entregarían a tal fin si tuvieran esperanza de lograr éxito y sospecharan de cuánto son capaces. No hay alma por poco noble que sea, que permanezca tan aferrada a los objetos de los sentidos que no llegue a distanciarse de ellos como para no desear en algún momento algún otro bien aun cuando frecuentemente ignore en qué consiste. Quienes son más favorecidos por la fortuna, quienes gozan de buena salud, disfrutan de honores, riqueza, no están más libres de este deseo que los restantes hombres; por el contrario, estoy persuadido de que ellos son quienes persiguen más ardientemente algún otro bien, más soberano que todos cuantos poseen. Ahora bien, este soberano bien, considerado por la luz natural sin la ayuda de la fe, no es otra cosa que el conocimiento de la verdad por sus primeras causas, es decir, la Sabiduría, cuyo estudio desarrolla la Filosofía XX7X. Puesto que cuento he expuesto es verdad, no sería difícil persuadir de todo ello si fuese adecuadamente expuesto.

Ahora bien, habría explicado sumariamente en qué consiste toda la ciencia alcanzada y cuáles son los grados de Sabiduría a los que ha accedido, ya que la experiencia no nos autoriza a estimar verdadero cuanto he expuesto, pues nos muestra que quienes hacen profesión de filósofos son frecuentemente menos sabios y menos razonables que otros que nunca se han dedicado a su estudio XX8X. El primero sólo contiene nociones que son tan claras por sí mismas pueden ser obtenidas sin meditación. El segundo comprende todo cuanto la experiencia de los sentidos nos permite conocer. El tercero, cuanto nos enseña la conversación que mantenemos con otros hombres. El cuarto, permite considerar cuanto se adquiere mediante la lectura, no de todos los libros, sino sólo de aquellos que han sido escritos por personas capaces de otorgar buenas enseñanzas, ya que su lectura es una especie de conversación que mantenemos con sus autores. Estimo que cuanta Sabiduría se acostumbra a poseer, sólo se [10] adquiere mediante estos medios, pues no incluyo la revelación divina ya que no nos conduce gradualmente, sino que nos eleva de golpe a una creencia infalible. Mas en todas las épocas los hombres eminentes han intentado hallar un quinto grado, incomparablemente más alto y seguro que los otros cuatro, para acceder a la Sabiduría; consiste en indagar las primeras causas y los verdaderos Principios a partir de los cuales se pudiera deducir las razones de todo cuanto se puede saber; a quienes se han afanado en ello es a los que se denomina Filósofos. Sin embargo no sé de alguno que haya logrado éxito en tal tarea. Los primeros y principales cuyos escritos poseemos, son Platón y Aristóteles; no cabe destacar otra diferencia entre ellos, sino que Platón, siguiendo las huellas de su maestro Sócrates, ha confesado ingenuamente que no había podido acceder al conocimiento de algo cierto y se ha satisfecho con escribir lo que le ha parecido verosímil, imaginando a tal efecto algunos Principios mediante los cuales intentaba dar razón de otras cosas. Aristóteles, por el contrario, fue menos franco y, si bien fue discípulo de Platón durante veinte años, no formuló otros principios que los de Platón aun cuando modificó totalmente su exposición, llegando a proponerlos como verdaderos y seguros, aunque no existe apariencia alguna de que los considerara como tales. Estos dos hombres poseían un talento y Sabiduría muy superior a la que cabe obtener mediante los medio anteriormente expuestos; tal es la razón de su gran autoridad, de suerte que cuantos les sucedieron, se atuvieron preferentemente a seguir sus opiniones y no a indagar algo mejor. La principal disputa mantenida por sus discípulos tuvo por objeto discernir si se debían poner en duda todas las cosas o si, por el contrario, algunas eran ciertas. Unos y otros se vieron arrastrados a defender errores extravagantes: quienes estaban a favor de la duda, la hacían extensiva incluso a las acciones de la vida, de modo que menospreciaban conducirse con prudencia; quienes defendían la certeza, suponiendo que debía depender de los sentidos, les otorgaban una completa confianza, […]. Se percibe, pues, un defecto que suele constatarse en la mayor parte de las disputas: residiendo la verdad en el término medio de las dos opiniones opuestas, tanto más se aleja de ella cada uno de los que polemizan, cuanto mayor es un propósito de contradecir. Ahora bien, el error de quienes se inclinaban de par- [11] /te de la duda, no fue mantenido por mucho tiempo; el error de los otros ha sido corregido en cierto modo en la medida en que se ha llegado a reconocer que los sentidos nos engañan en muchas circunstancias. Ahora bien, este error no creo que haya llegado a ser extirpado de raíz, haciendo ver que la certeza no reside en los sentidos, sino en el entendimiento cuando posee percepciones evidentes; que , disponiendo sólo de aquellos conocimientos que integran los cuatro primeros grados de Sabiduría, no debe dudarse de las cosas que parecen verdaderas en lo que a la conducta de la vida se refiere, pero tampoco deben ser estimadas tan ciertas que no pueda modificarse la opinión cuando a ello obliga la evidencia de alguna razón. Al desconocer esta verdad, o bien, siendo conocida, al no servirse de ella, la mayor parte de cuantos han deseado ser filósofos en los últimos años, han seguido ciegamente a Aristóteles hasta el punto de corromper con frecuencia el sentido de sus escritos, atribuyéndole diversas opiniones que, si de nuevo retornara a este mundo, no reconocería como propias. Por otra parte, quienes no han seguido a Aristóteles (entre los cuales han estado varios de los más destacados espíritus) no han dejado de estar imbuidos de estas opiniones desde su juventud, ya que son las únicas que se enseñan en las escuelas; ello ha dado lugar a que su espíritu esté tomado en forma tal por opiniones preconcebidas XX9X que no han podido acceder al conocimiento de los verdaderos principios. Estimándoles a todos y no deseando hacerme odioso al criticarles, puedo aportar una prueba tal de lo expuesto que no pienso que alguno de ellos pueda rechazarla: todo ellos han supuesto como Principio algo que no ha sido perfectamente conocido. […] Puesto que todas las conclusiones deducidas de un Principio que no es evidente, no pueden ser evidentes, aunque hayan sido deducidas evidentemente, se sigue que cuantos razonamientos han sido fundados sobre tales principios, no han podido facilitarles el conocimiento [12[ cierto de algo, como tampoco, en consecuencia, les ha permitido avanzar en la indagación de la Sabiduría. Es más, si han llegado a indagar algo verdadero, ha sido por alguno de los otros caminos descritos. Con todo, no deseo rebajar en nada el honor a que se han hecho acreedores; solamente estoy obligado a decir para consuelo de los que no han estudiado que así como al viajar, dando la espalda al punto al que nos hemos de dirigir, tanto más nos alejamos cuanto más tiempo y más rápidamente caminamos, de suerte que, colocados en el verdadero camino, nos cabe alcanzar el punto de destino tan pronto como si hubiésemos permanecido inmóviles; de igual modo, cuando se asumen falsos Principios, cuanto más se los cultive y cuanto más interés se ponga en obtener consecuencias a partir de ellos, estimando que ello es filosofar correctamente, tanto más nos alejamos del conocimiento de la verdad y de la Sabiduría. De ello se debe concluir que aquellos que desconocen lo que hasta ahora se ha denominado Filosofía, son los más capacitados para acceder al conocimiento de la verdadera filosofía.

Después de haber favorecido una correcta comprensión de estos temas X10X, hubiera deseado exponer en este lugar las razones que sirven para probar que los verdaderos Principios, en razón de los cuales se puede acceder al más alto grado de Sabiduría, soberano bien de la vida humana, son los que he dado a conocer en este libro. Basta con dos de estas razones: la primera, estos principios son muy claros; la segunda, todas las otras cosas pueden ser deducidas. Es así, pues sólo estas dos condiciones son requeridas en los principios. Pruebo fácilmente que son muy claros: en primer lugar, por la forma en que los he hallado, a saber, rechazando todas las cosas a propósito de las cuales identifico la menor ocasión para dudar, ya que es cierto que las que no han podido ser rechazadas en razón de este criterio, habiendo sidas consideradas con atención, son las más evidentes y las más claras que el espíritu humano pueda conocer. Así, apreciando que quien desea dudar de todo, no puede llegar a dudar de que él sea, mientras que está dudando, y que lo que razona de esta forma, no pudiendo dudar de sí mismo y dudando, sin embargo, de todo lo demás, no es lo que llamamos nuestro cuerpo, sino lo que llamamos nuestra alma o nuestro pensamiento, he tomado como primer principio el ser o la existencia de este pensamiento a partir del cual he deducido muy claramente todos los otros; a saber, que hay un Dios, que es el autor de todo lo que hay en el mundo, y que, siendo la [13] fuente de toda verdad, no ha creado en modo alguno nuestro entendimiento de tal naturaleza que se pudiese engañar al emitir juicio sobre las cosas de las que tiene una percepción que es muy clara y muy distinta. Éstos son todos los principios de los que me sirvo en lo tocante a las cosas inmateriales o Metafísicas y a partir de los cuales deduzco muy claramente los principios de las cosas corporales o Físicas, a saber, que hay cuerpos extensos en longitud, anchura y profundidad, que tienen diversas figuras y se mueven de distintas formas. Éstos son, en suma, los principios a partir de los cuales deduzco la verdad de las otras cosas. La segunda razón que prueba la claridad de estos principios es que han sido conocidos en todas las épocas y que, incluso, han sido aceptados como verdaderos e indudables por todos los hombres, exceptuando solamente la existencia de Dios que ha sido puesta en duda por algunos al haber atribuido excesivo valor a las percepciones de los sentidos cuando, por otra parte, Dios no puede ser visto ni tocado. Pero, aunque todas las verdades que sitúo entre mis Principios, hayan sido consideradas desde siempre por todos los hombres, nadie hasta el presente, que yo sepa, las ha considerado de modo que se pudiera deducir el conocimiento de todas las otras cosas que son en el mundo. Tal es la razón por la que debo probar que son tales, no pudiendo hacerlo de forma más adecuada que haciéndolo ver por experiencia, es decir, invitando a los lectores a leer esta obra. Pues aunque no trata de todas las cosas, dado que es imposible, pienso haber explicado de tal modo todas aquellas de las que he tenido ocasión para persuadirse de que no es necesario indagar otros principios que los que he expuestos si desean acceder a los conocimientos más elevados de los que el espíritu humano es capaz. Principalmente si, después de haber leído mis escritos, se toman el cuidado de considerar cuán diversas cuestiones han sido explicadas y, recorriendo también los escritos de otros, aprecian cuán escasas razones verosímiles han podido aportar para explicar las mismas cuestiones en virtud de Principios diferentes a los míos. Y, con el fin de que emprenderán con gusto esta tarea, podría haberles expuesto que quienes están imbuidos de mis opiniones son los que tienen una dificultad menor para comprender los escritos de otros y para apreciarlos en su justo valor; acontece todo lo contrario de lo que he dicho de quienes se iniciaron por la antigua Filosofía: cuanto más se en- [14] /tretengan con afán a su estudio, tanto menos capaces son de comprender la verdadera filosofía.

También habría dedicado unas líneas con la finalidad de advertir acerca de la forma en que este libro debe leerse X11X. Desearía que se leyese todo él y de forma completa como se hace con una novela, esto es, sin forzar en exceso la atención ni detenerse en las dificultades que puede suscitar su lectura; sólo con la finalidad de conocer en conjunto cuáles son las materias tratadas. Realizada esta lectura y si se consideran merecen ser examinadas y alienta la curiosidad de conocer las causas, puede realizarse una segunda lectura con la finalidad de apreciar la secuencia de mis razones; […]

He apreciado, al analizar el natural de diversos espíritus, que no los hay tan rudos ni tan torpes que no sean capaces de nobles sentimientos, e incluso de adquirir todas las más altas ciencias si fueran conducidos tal y como es preciso serlo. También cabe ofrecer una prueba de ello puesto que, siendo los Principios tan claros y no debiendo deducir nada sino mediante razonamientos muy evidentes, siempre se tiene la suficiente capacidad de espíritu para comprender lo que depende de tales principios. Con independencia del impedimento de los prejuicios, de los que nadie se ve enteramente libre, aun cuando los que son más obstaculizados por ellos son los que han estudiado las falsas ciencias, casi siempre acontece que quienes son de espíritu moderado no aprecian el estudio por cuanto no se consideran capaces, y que quienes son más vivos, se apresuran en exceso; por ello asumen principios que no son evidentes y obtienen de ellos consecuencias inciertas. Por ello desearía garantizar a quienes desconfían en exceso de sus fuerzas, que nada hay en mis escritos que no puedan comprender perfectamente si se toman el cuidado de examinarlos; de igual modo, también advertiría a los segundos que incluso los espíritus más destacados tendrán necesidad de mucho tiempo y atención para percatarse de todo cuanto he tenido el propósito de exponer.

[15] A continuación y con el fin de facilitar la comprensión del fin perseguido al realizar la publicación de Los principios, procedería a explicar el orden al que creo que el lector debe atenerse con el fin de instruirse. Inicialmente, quien sólo ha adquirido el conocimiento vulgar e imperfecto que cabe recabar por los cuatro procedimientos descritos con anterioridad, debe ante todo intentar formarse una Moral que pueda bastarse para reglar las acciones de su vida, porque la vida no tolera dilaciones y, además, porque debemos intentar sobre todo bien vivir X12X. Después de esto, también debe estudiar la Lógica y no la lógica de la Escuela pues, propiamente hablando, sólo es una Dialéctica que enseña los medios para hacer entender a otro lo que ya se sabe, o incluso enseña a hablar sin juicio en relación con aquellas cosas que no se saben, corrompiendo de esta forma el buen sentido en vez de favorecer su desarrollo X13X. Sin embargo, aquella lógica enseña a conducir adecuadamente la razón para descubrir las verdades que se ignoran, dado que depende en gran medida del uso, es bueno que se ejerza durante largo tiempo mediante la práctica de las reglas relacionadas con cuestiones fáciles y simples, como son las de las Matemáticas. Posteriormente, cuando se ha adquirido un cierto hábito en el hallazgo de tal tipo de cuestiones, debe dedicarse a la verdadera filosofía, cuya primera parte expone la Metafísica; contiene los principios del conocimiento, entre los cuales se encuentran la explicación los principales atributos de Dios, de la inmaterialidad de nuestras almas y de todas las nociones claras y simples que poseemos. La segunda parte da a conocer la Física; en la misma y después de haber hallado los verdaderos principios de las cosas materiales, se examina en general cómo todo el universo está compuesto; a continuación, cuál es la naturaleza de la Tierra y de todos los cuerpos que más comúnmente se localizan en ella, como es el caso del aire, del agua, del fuego, del imán y de otros minerales. Es necesario examinar, a continuación y de modo particular, la naturaleza de las plantas, de los animales y, sobre todo, del hombre, con el fin de ser capaces de identificar las otras ciencias que pueden reportarle utilidad. De este modo, la totalidad de la Filosofía se asemeja a un árbol, cuyas raíces son la Metafísica, el tronco es la Física y las ramas que brotan de este tronco son todas las otras ciencias que se reducen principalmente a tres: a saber, la Medicina, la Mecánica y la Moral, entendiendo por ésta la más alta y perfecta Moral que, presuponiendo un completo conocimiento de las otras ciencias, es el último grado de la Sabiduría X14X. [16] Y así como no se recogen los frutos del tronco ni de las raíces, sino sólo de las extremidades de las ramas, de igual modo la principal utilidad de la Filosofía depende de aquellas partes de la misma que sólo pueden desarrollarse en último lugar. Y aunque las ignore casi todas, el celo que siempre he mantenido por rendir algún servicio al público fue la causa de que hiciera imprimir hace doce años algunos ensayos acerca de cuestiones que estimaba conocer.

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